Gauthier Toux, Dhafer Youssef, Morcheeba, Electro Deluxe, Sofiane Saidi & Mazalda, Moon Hooch : le grand final de la 38ème édition du Jazz à Vienne a su nous tenir en haleine jusqu’au petit matin avec un tour des générations et des sensibilités qui constituent le ciment du festival.
Un mélange de mise en lumière de la scène émergente et de retrouvailles avec des valeurs sures.
Gauthier Toux Trio
La formation lauréate du Rezzo Focal 2017, menée par le plus suisse des pianistes français ouvre la soirée de conclusion. Le rendez-vous qu’est la All Night Jazz ouvre une fenêtre sur la scène d’ici et d’aujourd’hui.
Fraîche et élégante mise en bouche, avant de traverser les frontières avec un Dhafer Youssef qui marque son retour sur le Theatre Antique…
Dhafer Youssef
C’est avec les souvenirs du passage à l’Auditorium en janvier 2017 et du sublime concert lors de Jazz à Vienne 2015 que la rédaction retrouve Dhafer Youssef dans un quartet légèrement remanié par rapport à ses dernières prestations.
Isfar Sarabski et
Matt Bewer remplacent
Aaron Parks et
Ben Williams au combo piano-basse. Le titanesque batteur
Justin Faulkner quand à lui reste fidèle au poste.
Une fois de plus Dhafer Youssef réussit à renouveler la magie face à un public émerveillé. Ses envolées lyriques et les prouesses des instrumentistes, réactualisent une musique très modale et dépoussièrent l’image qui émane des musiques orientales.
Une seconde escale riche en émotions fortes, avant la découverte de Morcheeba en live…
Morcheeba
Morcheeba : un de ces groupes mythiques, que les plus jeunes ne connaissent que sur disque… La All Night Jazz était l’occasion de voir ce monument du trip-hop aux 23 années d’existence.
Conscient de son histoire et face à une rassemblement de fans inconditionnels, Morcheeba met les petits plats dans les grands et offre offre une performance visuellement aux petits oignons.
Skye Edwards, la chanteuse originelle du groupe, rayonne. Dans sa tenue écarlate, chacun de ses gestes est en totale synchronisation avec des jeux de lumières très élaborés.
Malgré les temps morts entre les titres, le public reste captivé. Morcheeba donne un concert intimiste à grand échelle.
Electro Deluxe
Chaque groupe de cette All Night Jazz apporte son énergie. Le passage d’Electro Deluxe est un bel exemple. L’intimité instaurée par Morcheeba se mue en bouillant tumulte cuivré.
L’énergie explosive et organique, déployée par les instrumentistes français et leur frontman originaire de l’Ohio ne s’essouffle à aucun moment. Electro Deluxe met Jazz à Vienne en effervescence, de la première seconde et jusqu’au passage de relais à Sofiane Saidi et Mazalda…
Sofiane Saidi & Mazalda
L’avant-dernier service l’édition 2018 nous ramène dans des vibes orientales, véhiculées par une énergie aussi électrique qu’explosive. Véritables valeurs sûres sur le territoire, Sofiane Saidi et le groupe Mazalda incarnent les similitudes et les points de convergence entre le raï et le jazz.
Un oui à l’amour, mais un oui surtout à la musique pour fêter les âmes, panser les plaies. Sofiane Saidi c’est tout ça. Un chanteur au plus profond de son âme, de ses tripes, un chanteur qui commence à Sidi Bel Abbès gamin dans des mariages, le même chanteur qui du fuir le berceau du Rai pour échapper aux extrémistes, à ceux pour qui le rai ne pouvait être si libre.
Un voyageur qui se laisse aller là où la rencontre sera sincère, folle, inattendu, et c’est au coté de Mazalda, un combo lyonnais au groove cosmique que Sofiane est de retour avec cet album intitulé El Ndjoum « Les Etoiles » pour emmener le raï encore un peu plus loin….
– Ruddy Aboab / Radio Nova (Plus Près de Toi)
Une définition qui colle à la folle énergie déployée par la formation, encore plus efficace qu’une distribution de café et qui a gardé les derniers infatigables festivaliers en éveil.
Un show qui nous fait oublier l’heure alors que les premières lueurs matinales commencent à poindre…
Moon Hooch
Le grand final. Le point d’orgue de l’édition 2018 de Jazz à Vienne. Annoncée comme « abrasive et décoiffante » la formation new-yorkaise Moon Hooch était LA grosse découverte de cette dernière soirée !
Issu des bancs de la New School for Jazz and Contemporary Music, le trio de Brooklyn fit ses premières armes dans le métro new-yorkais avant de s’y faire interdire. Un phénomène que l’on découvre sur la scène du Theatre Antique, les restriction législatives de NYC en moins.
Moon Hooch en live, c’est un combo cuivres + percussions démentiel ! Chaque titre redouble de puissance par rapport au précédent. Un repertoire sans mots qui survole des décennies de constructions rythmiques. Chaque morceau interprété est une injonction à danser, chanter voire rapper. Un passage où le trio enchaîne climax sur climax. Un show à trois qui se maintient au point culminant, dans des registres différents, un exploit que l’on peut qualifier d’héroïque.
C’est sur un show dingue, du même acabit que la découverte de Snarky Puppy lors de la All Night Jazz 2013 que se conclut Jazz à Vienne #38 !
Dans l’attente de la programmation 2019, l’heure est à des vacances et à de nouvelles découvertes et lectures estivales !
Report : Alpha Diallo
Photos : Paul Bourdrel
Written by LGTDZ
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