Rapsody – Please Don’t Cry

Please Don’t Cry : nouvel album majeur de Rapsody

Please Don’t Cry quatrième album de Rapsody, un album qui fait suite à EVE et va encore plus loin dans l’affirmation personnelle. 20 ans de carrière, une collab avec Big Daddy Kane, ses débuts à Kooley High, un feat avec Kendrick, une signature chez Roc Nation, une nommination aux Grammy Awards; toutes ces étapes ont préparé le sommet depuis lequel elle diffuse l’album à ne pas manquer cette année.

Un album en mesure de sieger à la même table que To Pimp A Butterfly. A l’image de ce chef-d’oeuvre, elle y retrace, la temporalité et la cartographie complete de l’identité féminine afro-américaine avec un tres solide concept.

Porté par celle qui a toujours refusé les etiquettes réductrices, Please Don’t Cry est l’oeuvre d’une humaine qui partage sa condition et appelle a être considerée comme telle avec toutes les qualités et défauts qui vont avec. Elle prouve egalement qu’une femme de 41 ans peut evoluer au premier plan dans le rap à la force de son talent.

Son oeuvre est un rappel constant que les femmes ne sont pas un bloc monolithique, que les combats et manieres de s’affirmer sont multiples, sans hierarchie entre elles. Une hierarchie, qui d’ailleurs est souvent fixée par des puritains, dans le but de dénigrer d’autres rappeuses, là où aucune question se pose dans l’autre sens.

Toujours dans la volonté d’honorer cette pluralité des luttes, Please Don’t Cry poursuit le concept initié en 2019 par EVE (avec son tracklisting qui porte le nom de femmes importantes de la culture afro-américaine).

Please Don’t Cry va plus fort et plus loin dans cette démarche. Le précedent opus louait les héroines de Rapsody, le dernier en date est pensé comme une thérapie introspective, menée de bout en bout par Phylicia Rashad (connue pour son role dans le Cosby Show et premiere femme noire à remporter un Tony Award).

Please Don’t Cry marque un tournant. Premier album sans contribution de son mentor et acolyte de toujours 9th Wonder, il résulte d’une direction artistique totale, où l’on retrouve l’ame boom bap/soul indissociable de son oeuvre, mais qui sert à narrer son histoire et dans ses termes. L’esthetique sonore est sortie de son carcan habituel pour porter un propos à la fois plus vaste et personnel.

Hormis Eric G, l’essentiel des producteurs sont exterieurs à son label, entre vétérans comme S1 et Hit-Boy, et nouveaux talents comme BLK ODYSSY. Le chant prend une place plus prépondérante et l’essentiel des voix de cet album XXL sont féminines. On reconnait des mélopées de classiques, reinterprétés, réactualisés, recontextualisés.

Le fow fluide et l’écriture à plusieurs niveaux de lecture ne sont pas des exercices de style. L’experience cumulée et les diverses facettes de Rapsody sont autant de manieres pour elle de narrer son histoire et véhiculer ses émotions.

Elle revient aussi sur les recents tournants majeurs de sa carrière comme la nomination aux Grammy Awards de Laila’s Wisdom (son deuxieme album). Un épisode où elle témoigne sa gratitude et son agacement face aux compliments condescendants, chose qui prend la forme d’un “Don’t lift me up throwing shade at my sistas that made it out with ass and bass/Support what you like, you ain’t gotta show love using hate,” sur Look What You’ve Done (qui se termine par le theme de You Got Me).

Santé mentale et relations intimes sont évoqués. Ces sujets, au mileu d’autres, ont longtemps difficilement trouvé echo dans les sorties majeures. Elle détaille ses propres expériences sur « That One Time » et « 3:AM », qui passent en revue son estime personnelle et son rapport à l’autre…

L’album démontre et clarifie. Avec ce projet d’importance pour la culture, Rapsody n’est pas que lyriciste, et fait l’étalage de tout son savoir-faire. Ni sainte, ni apotre d’un rap sexy qui la gonfle. Elle est elle-même, une vétérane qui s’est trouvé et trace son chemin en toute liberté.

Written by LGTDZ