Gabriel Jacoby – Gutta Child
Gutta Child, rampe de lancement de Gabriel Jacoby
Il y a des artistes qu’on présente sans forcer. Gabriel Jacoby fait partie de ceux-là. Né en Caroline du Sud, grandi à Tampa, façonné quelque part entre la moiteur du Sud et l’électricité de la Floride, il débarque avec Gutta Child, son premier EP sorti le 14 novembre chez Pulse Records. Et d’emblée, on comprend que le garçon ne se contente pas d’empiler des titres: il propose un univers complet, pensé dans le son, l’image et l’intention.
On l’avait repéré à son passage chez A COLORS SHOW, On The Radar Radio et via des clips léchés qui trahissaient déjà un sens aigu du détail. Mais ce projet va plus loin. Gutta Child porte un parfum familier, une sorte de continuité spirituelle que les amateurs de vraie soul reconnaîtront immédiatement. Alors que nous sommes toujours endeuillés par la disparition de D’Angelo, voici un artiste qui ne copie rien, mais qui respire un héritage. Le même frisson qu’à la découverte de Piink Siifu, cette sensation rare que quelqu’un intériorise ses influences pour appliquer sa propre narration.
Car Gutta Child, ce n’est pas juste la carte de visite d’un nouveau venu. C’est une pierre ajoutée à un édifice qui dépasse Jacoby lui-même. Une nouvelle voix qui raconte les tourbillons intimes, les luttes, les doutes, les élans d’une génération qui cherche sa place sans renier son passé. Le disque capture ce moment fragile où l’adolescence se replie et où l’âge adulte commence à peser, exactement comme son premier morceau Hello le laisse deviner. Un seuil, une mue, un début.
Jacoby livre un EP presque initiatique, où le grain vocal s’accorde à des productions qui évitent le piège du revival stérile. C’est contemporain, sensible, parfois brut, toujours sincère. On sent un artiste qui ne cherche pas l’imitation mais l’incarnation. En quelques titres seulement, il parvient à tracer ses lignes: une soul habillée de textures modernes, une vulnérabilité assumée, un récit personnel qui parle à plus large que lui.
Si Gutta Child est une rampe de lancement, alors la trajectoire est déjà claire. Gabriel Jacoby n’est pas seulement prometteur. Il s’impose d’entrée comme un héritier crédible d’une tradition qui n’admet pas le mensonge. Et vu la maîtrise affichée dès ce premier effort, on peut affirmer sans trembler qu’il faudra compter sur lui dans les années qui viennent.


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